La plupart des entreprises effectuent des entretiens annuels ou bi-annuels de leurs collaborateurs. Il sont habituellement réalisés par les managers, parfois avec l’assistance du DRH.
À quoi servent ces entretiens ?
Tout le monde attend ces entretiens avec impatience, mais souvent pour de mauvaises raisons. Un grand nombre de salariés n’y voient que le moment où va leur être annoncée leur augmentation de salaire. C’est évidemment un élément important de ces discussions, mais il ne faut pas que cela devienne une obsession qui occulte les autres aspects.
Les entretiens annuels sont un moment privilégié, pendant lequel on peut prendre un peu de recul par rapport à l’année (ou le semestre) écoulée. Le but est de récapituler les points forts et les points faibles, de revenir sur notre évolution au fil du temps ; comment on a réussi à s’améliorer, à progresser dans l’exécution de nos tâches.
Préparer l’entretien
Quelques jours avant l’entretien, prenez le temps de vous poser ces quelques questions :
- Où en étais-je il y a un an, il y a 6 mois ? Mes supérieurs étaient-ils satisfait de mon travail ? Pourquoi ?
- Quelle était l’évolution qu’on attendait de mois durant cette période ? Est-ce que mes objectifs étaient clairement définis ?
- Quelles sont mes forces et mes faiblesses aujourd’hui ? En quoi sont-elles différentes d’auparavant ?
- En toute honnêteté, quels sont mes coups d’éclats et mes ratages complets ?
- Globalement, en suis-je là où je voudrais être ? Ai-je développé les connaissances et les capacités que je voudrais avoir ?
Quand vous avez répondu à ces questions, demandez-vous où vous voulez aller :
- Suis-je satisfait de l’environnement technique dans lequel j’évolue, des projets sur lesquels je travaille ?
- Dans quelle direction ma carrière doit-elle évoluer ? Qu’est-ce que je veux faire dans 6 mois, dans 1 an, dans 2 ans ?
- De quelle aide ai-je besoin pour progresser ?
Une fois que vous avez fait le tour de ces questions (et seulement à ce moment-là), vous pouvez vous poser d’autres questions :
- Qu’est-ce qui est mal géré dans mon équipe ou mon entreprise ? Comment pourrait-on améliorer les choses ?
- Qu’est-ce que mon supérieur a mal géré ? Comment puis-je l’aider à améliorer cela ?
Dans certains cas, vous serez prévenu au dernier moment, ce qui vous empêchera de préparer convenablement votre entretien. La plupart du temps, il suffit alors de demander un délai de quelques jours ; mais vous serez peut-être quand même obligé d’y passer sans attendre. Il est donc important de se connaître soi-même suffisamment bien (sur le plan professionnel tout au moins), et de faire preuve d’un esprit de synthèse ; cela vous permettra d’improviser tout en faisant passer vos idées.
La discussion
Un entretien annuel doit être une discussion entre l’employé et son manager. Trop souvent, le manager se contente de distribuer les bons et les mauvais points, sans écouter l’avis de la personne qu’il a en face de lui.
Alors souvenez-vous de ces quelques trucs :
- Si on vous dit quelque chose de positif, il y a de grandes chances qu’on vous fasse un reproche juste après. Alors essayez de vous y préparer ; en fonction du discours, il peut être possible d’anticiper la suite.
- Soyez strictement honnête. Reconnaissez vos erreurs et vos points faibles. Vous êtes censé en avoir fait le tour quand vous avez préparé l’entretien.
- Quand vous êtes d’accord avec un reproche, faites en sorte de ne pas épiloguer sur la question. Plus vous passerez de temps à en parler, plus cela vous desservira.
- Par contre, si vous n’êtes pas d’accord avec une analyse, n’attendez pas pour exprimer vos contre-arguments. Ne réagissez pas de manière émotionnelle, mais placez le débat sur un plan factuel. Ainsi, vous aurez plus de chances de voir votre manager changer son point de vue.
- Il se pourrait que votre manager ne vous demande pas explicitement votre avis, votre vision sur vos échecs et vos réussites. Dans ce cas-là, attendez qu’il ait fini de présenter son évaluation, et demandez-lui si vous pouvez présenter votre bilan. Mettez évidemment l’accent sur vos réussites plutôt que sur vos échecs, surtout si son évaluation n’a pas été tendre.
- Vous devez présenter un bilan flatteur, tout en restant absolument véridique. Rappelez à la mémoire de vos supérieurs :
- les tâches que vous avez pris en charge avec succès ;
- les initiatives que vous avez prises, et les bénéfices que l’entreprise en a tiré ;
- la qualité globale de votre travail ;
- votre besoin d’encadrement et de formation, pour vous aider à atteindre de nouveaux objectifs.
Le plus important tient en seulement 2 points :
- Restez honnête et humble. Reconnaissez vos erreurs, ne cherchez pas à les masquer.
- Vendez-vous ! Ça ne sert à rien de faire du bon boulot si vous êtes le seul à le savoir.
La négociation
À la fin de la discussion « professionnelle » devrait débuter la négociation salariale. Il y a 3 scénarii possibles :
- Le manager fait son évaluation… et c’est tout. L’entretien est terminé. Il ne parle pas de salaire, et fait mine de s’en aller.
- Le manager annonce une augmentation, qu’il présente comme un chiffre ferme et non négociable. Il ajoutera souvent qu’il n’a pas le pouvoir de décision à ce niveau.
- Le manager annonce une augmentation, en laissant la porte ouverte à une négociation salariale. Par exemple « Nous te proposons une augmentation de 3,8%, qu’en penses-tu ?« .
Chaque scénario présente des pièges, plus ou moins cachés. Voici toutefois quelques règles à suivre :
- Si le manager semble vouloir éviter le sujet, dites-lui que vous souhaiteriez aborder le sujet de votre salaire (ne parlez pas encore d’augmentation, il sait très bien que vous y pensez). S’il répond qu’il n’y a rien à en dire, ajoutez gentiment mais fermement que vous ne quitterez pas la salle de réunion tant que vous n’aurez pas eu de réponse à vos questions (présenter la négociation comme étant une séance de questions-réponses vous aidera à le faire rasseoir).
- Si le manager présente votre augmentation (ou absence d’augmentation) comme une option non négociable, demandez-lui sans la moindre agressivité si votre bien-être dans l’entreprise est une option négociable. Pas besoin d’en dire plus ; il saura pertinemment que votre productivité est directement liée à la manière dont vous vous sentez. Reste à voir comment il réagira à cette menace déguisée.
- Le manager qui semble ouvert à la négociation n’est pas forcément le plus facile à gérer. Il est peut-être certain d’avoir le dessus dans la négociation ; il a de l’expérience dans ce genre de chose, et a préparé tous les arguments à utiliser pour vous remettre à votre place et vous démontrer qu’il n’a pas à faire d’effort supplémentaire. À vous de vous montrer plus fort que lui… ce qui n’est pas toujours évident !
Une négociation salariale est un exercice difficile, qui change du tout au tout suivant l’interlocuteur que vous avez en face de vous. Il faut être préparé psychologiquement, et vous pouvez y arriver en vous posant – encore une fois – quelques questions :
- Est-ce que votre salaire correspond au marché de l’emploi ? Si ce n’est pas le cas, vous pourrez facilement justifier votre demande d’augmentation.
- Jusqu’où êtes-vous prêt à aller ? Si vous êtes prêt à quitter votre entreprise en cas de non-augmentation, ça veut dire qu’une augmentation ne suffira sûrement pas à vous rendre heureux au travail…
- Vous sentez-vous capable d’aller chercher l’affrontement ? Votre manager en est capable : quelle que soit l’issue de la négociation, cela ne doit rien changer de fondamental dans vos relations de travail. Mais en êtes-vous conscient vous aussi ?
Quelques dernières astuces, qui peuvent vous servir dans vos négociations :
- Arrondissez. Si on vous propose une augmentation de 2,81%, dites sur un ton détendu que vous leur seriez reconnaissant de monter jusqu’à 3%.
- Changez l’unité de mesure. Si on vous propose une augmentation de 4%, et que ça correspond à 110 euros par mois, demandez 150 euros d’augmentation par mois. Vous passez d’un coup à 5,4%.
- Si votre manager veut mégoter pour quelques dixièmes de pourcentage, ou quelques dizaines d’euros par mois, expliquez-lui que vous connaissez votre budget, et que vous l’avez calculé en fonction d’objectifs d’augmentation qui vous semblaient atteignables. Et que ramenés à l’ensemble de la masse salariale de l’entreprise, l’effort est assez faible.
- Une arme à double tranchant : annoncer vos objectifs de salaire plusieurs années à l’avance. Par exemple « Je me fixe comme objectif de carrière de gagner au moins XX milliers d’euros par an avant l’âge de YY ans« .
- Côté positif : votre supérieur saura que si votre objectif ne semble pas atteignable là où vous êtes, vous saurez anticiper les changements d’entreprise nécessaires pour l’atteindre ailleurs.
- Côté négatif : même si vous faites du super-bon boulot, vous n’obtiendrez jamais plus que l’objectif déclaré.