Contrairement à ce que le titre de cet article pourrait le laisser penser, je ne vais vous parler des situations conflictuelles que l’on peut rencontrer en entreprise. Je vais plutôt vous parler de quelques trucs qui sont facilement applicables, et qui peuvent faciliter les choses dans certaines situations. Ça vaut ce que ça vaut, mais ça peut vous sauver la vie (enfin, presque).
Diviser par deux
C’est une situation que nous avons tous connus : On discute avec une ou plusieurs personnes, chacun argumente dans le sens qui l’intéresse, et au moment où on veut exprimer nos propres idées, elles arrivent toutes en même temps. Au lieu de lister les points importants de manière intelligible, on délivre un amas de non-sens sans queue ni tête. Plus on s’en rend compte, plus on s’embrouille. Au final, quelqu’un d’autre captera la discussion pendant que l’on reprend notre souffle entre deux phrases, et tout le monde oubliera notre pathétique contribution.
Comment faire pour éviter ça ? La technique la plus simple est de systématiquement chercher à diviser nos idées en deux.
Si vous avez une idée en tête, mais que vous ne savez pas par quel bout l’aborder, essayer d’en distinguer deux facettes. Forcez-vous à y trouver deux aspects différents. Cela peut être les avantages et les inconvénients. Ou quelques enseignements liés à votre expérience sur le sujet, comme un “contre-exemple” qui apporterait un éclairage particulier. Prenez le temps de préparer mentalement votre «thèse / antithèse». Le but de la réunion sera de faire la «synthèse» à plusieurs.
Cela paraît débile, mais c’est une vraie méthode d’organisation de la pensée. Je connais une personne qui commence la moitié de ses phrases par « En fait, il y a deux choses dans ce que tu dis » ; c’est crispant à la longue, mais ça a le mérite d’éclaircir les idées de tout le monde quant au propos échangé.
Reconnaître les hypocrites
Tout le monde le sait : en entreprise, il y a des gens sympas et il y a des cons. On est prévenu et préparé à cela. Le problème, c’est quand on a affaire à des cons qui sont assez fourbes pour paraître sympas. Il y a plusieurs profils de ce genre :
- Les girouettes, pour qui celui qui a parlé le dernier a raison. Il suffit que quelqu’un dise du mal de vous pour que leur opinion change à votre sujet.
- Les profiteurs, qui ne tariront pas d’éloges à votre propos tant que vous pourrez leur servir à quelque chose, mais ne vous adresseront plus la parole par la suite.
- Les manipulateurs, qui essaieront de vous amener à faire ce qu’ils souhaitent, même si cela peut vous nuire directement.
Si leur capacité de nuisance est limité, cela reste alors marginal. Mais bien souvent, ces personnes peuvent vous pourrir le quotidien assez puissamment. Le mieux est encore de les détecter et de les éviter.
Si quelqu’un vous lance des fleurs de manière répétée et exagérée, c’est qu’il y a quelque chose de louche. Vous allez finir par croire que c’est mérité. C’est vrai que c’est agréable de recevoir des louanges. Mais un jour, cette même personne attendra quelque chose de vous ; elle vous dira qu’elle vous croyait capable de faire ce qu’elle vous demande (bien souvent en plus de vos tâches normales, sans en référer à votre supérieur hiérarchique) ; elle vous dira même «je me suis peut-être trompé sur ton compte». Vous serez alors piqué au vif, et vous vous sentirez obligé de faire ce qu’il/elle vous demande.
Alors si vous entendez sans arrêt des phrases du genre «Ah, des mecs comme toi, il faudrait les cloner !», restez sur vos gardes. Cela ressemble à des encouragements sympathiques, mais ça pourrait n’être que des manœuvres de manipulation.
La plupart des commerciaux savent qu’il est plus facile d’établir un contact avec quelqu’un si on lui sourit. Certains apprennent à sourire sur commande. Vous n’imaginez pas le nombre de jeunes développeurs (à commencer par moi) que j’ai vu perdre du temps à faire des trucs inutiles, simplement parce qu’un commercial leur demandait avec le sourire, alors que leur chef de projet leur disait de ne pas le faire…
Il existe une méthode simple pour s’en rendre compte. Un sourire forcé est un sourire qui n’active que la bouche. Le reste du visage demeure inanimé. Si vous regardez uniquement les yeux, vous verrez tout de suite si la personne est sincère ou non.
Vous rencontrerez des gens qui sont prêts à raconter n’importe quelle connerie, soit pour paraître intéressant (les pauvres, leur carrière sera difficile), soit pour vous amener à dire ou faire quelque chose. Ou, encore plus souvent, des gens qui expriment toutes leurs opinions en semblant très sûrs d’eux, même quand ils parlent de sujets qu’ils ne maîtrisent pas. La meilleure technique de détection est de prêcher le faux pour obtenir le vrai. C’est assez simple : Reformulez à votre manière les propos de cette personnes, en donnant l’impression d’aller dans son sens, mais en l’amenant dans une direction clairement erronée. «Ah, donc ce que tu veux dire, c’est qu’il faut brancher le pitch dans le patch, pour obtenir un poutch. On est d’accord.». Tout content que vous soyez en phase avec lui, il approuvera avec force et s’enfoncera dans sa bêtise. Vous pourrez alors le mettre au pied du mur : «Eh bien je sais d’expérience que si on fait ça, le poutch va griller et le patch va s’effacer. Voilà pourquoi…».
Courage, fuyons
Même lorsqu’on n’a pas des gens manipulateurs ou malintentionnés en face de nous, on peut quand même se retrouver à avoir l’impression de discuter avec des murs. Il y a des gens qui n’ont pas seulement des convictions, ils sont absolument certains d’avoir raison et n’en démordront pas. Cela peut être frustrant, décourageant et énervant. On peut même avoir envie “d’aller au combat” pour leur prouver qu’ils ont tort, mais c’est une perte de temps et d’énergie considérable, et on ne peut pas se permettre ce luxe en entreprise.
La technique du «courage, fuyons» est très utile quand on doit s’occuper d’un enfant en bas âge. Imaginons un bébé qui ne veut pas être mis en pyjama le soir. Les parents peuvent choisir de ne pas lui laisser le choix et de lui imposer ; mais cela se finit habituellement en larmes et en cris du côté de l’enfant, et en énervement considérable du côté des parents. L’autre solution est de donner un jouet à l’enfant, qui va s’amuser avec et ne se rendra même pas compte que ses parent l’habillent en douceur pendant ce temps.
On peut, de la même manière, détourner l’attention des gens en entreprise. En leur donnant un «os à ronger», on peut les amener à se concentrer sur autre chose le temps de faire retomber la pression relative au sujet qui vous intéresse. L’idéal est de trouver un autre sujet en attente, qui pourtant doit impérativement être traité, et par rapport auquel vous êtes “neutre”. Rappelez-le à la mémoire de tous. Le temps de trouver une solution à ce problème, vous pourrez réfléchir à un nouvel angle d’attaque concernant la question qui vous intéresse réellement.
Très bon article, très interessant.
En tant qu’apprentis ton blog m’aide beaucoup à comprendre certaines facettes de l’entreprise.