Il y a un an, j’avais écrit un article à propos de l’émission Brain Games sur la chaîne National Geographic, après avoir vu un épisode dont le sujet était comment créer de la compassion. Récemment, je suis tombé sur un autre épisode de cette émission, riche d’enseignements concernant la confiance en soi.
Première expérience
Lors d’une première expérience, les présentateurs arrêtent des gens dans un parc, et leur demandent s’ils peuvent les prendre en photo ; ils ont un appareil photo professionnel monté sur un trépied, et une sorte de décors près duquel les gens sont invités à poser.
Le détail intéressant est qu’à chaque fois ils ont pris deux personnes en photo en même temps, demandant à l’une de prendre une pose enjouée et à l’autre de prendre une pause dépressive. Les gens jouaient le jeu et prenaient soit des poses conquérantes et assurées, soit affichaient des mines tristes et se voûtaient sous un poids imaginaire.
Par la suite, les organisateurs proposaient aux cobayes de faire un pari. L’enjeu et le risque ne semblaient pas très importants.
Dans la grande majorité des cas, la personne ayant pris une attitude négative refusait de participer au paris, invoquant des raisons diverses mais tournant souvent autour de “je ne me sens pas chanceuse”. L’autre personne était plus prompte à prendre le pari, se sentant en confiance et donc prête à prendre des risques.
Deuxième expérience
La deuxième expérience se passait sur un terrain de basket. Les cobayes passaient individuellement pour lancer des ballons dans le panier, avec une dizaine de spectateurs sur le côté pour les observer.
À chaque fois, la personne commençait par lancer 10 ballons. Puis elle en lançait 10 autres en ayant les yeux bandés. Et enfin elle refaisait 10 lancers avec les yeux ouverts.
À chaque tir réussi, les spectateurs applaudissaient et félicitaient le lanceur ; à chaque tir raté, c’était au contraire des «Oooooohhhh» sonores qui se faisaient entendre.
Sauf que le comportement de cette petite foule de spectateurs était biaisé pour le bien du test :
- Si la personne était bonne et réussissait la majorité de ses tirs lors de la première série, ils faisaient croire au tireur qu’il ratait la plupart de ses tirs avec les yeux bandés.
- Si par contre la personne ratait la majorité de ses tirs lors de la première série, ils lui faisaient croire qu’elle réussissait la plupart de ses tirs avec les yeux bandés.
Là où ça devient vraiment intéressant, c’est lorsqu’on voit l’influence que cela avait sur la troisième série de lancers :
- Les gens qui n’étaient pas très bons au début, mais qui ont été faussement acclamés quand ils avaient les yeux bandés, ont amélioré leur score, passant par exemple de zéro tir réussi à 4 tirs réussis sur 10.
- Par contre, ceux qui avaient fait une bonne performance initiale, mais à qui on avait fait croire qu’ils étaient mauvais les yeux fermés, ont vu leur score diminuer, passant par exemple de 9 tirs réussis sur 10 à seulement 5.
Une seule personne est restée stable dans ses tirs réussis. Elle avait fait du basketball à haut niveau en équipe universitaire et avait donc l’habitude de ne pas se laisser influencer par la foule.
Qu’en penser ?
Il y a deux enseignements à tirer de ces expériences :
- La confiance en soi est quelque chose qui influence directement nos performances. Quand on se sent en confiance, on est naturellement meilleur à ce qu’on fait ; au contraire, quand on manque de confiance, on laisse le doute s’installer, on se pose des questions qu’on ne se poserait pas en temps normal, et la qualité de ce qu’on fait chute brutalement.
- La confiance en soi est influencée par l’image que nous avons de nous-mêmes, image formée à la fois par nos performances passées, par l’image que nous renvoient les personnes qui nous entourent, et par l’image qui nous est renvoyée par notre propre corps.
Partant de là, il y a un souci facile à identifier, le cercle vicieux dans lequel on peut s’enfermer lorsque de mauvaises performances conduisent à une perte de confiance, qui elle-même entraîne des performances en baisse et ainsi de suite.
Ce que nous apprend la première expérience, c’est qu’on peut casser cette spirale descendante en se conditionnant soi-même. L’autosuggestion consciente, plus connue sous le nom de Méthode Coué, est un outil permettant d’atteindre cet objectif.
Je ne vais pas m’étendre sur le sujet ; vous trouverez des écrits à ce propos sur Internet si ça vous intéresse. Mais de la même manière qu’on sait très bien qu’en se forçant à sourire on finit par se sentir plus heureux, il paraît évident qu’on peut conditionner notre corps et notre esprit de manière à gagner en confiance.
L’idéal étant alors de créer une spirale positive, la confiance entraînant le succès qui alimente la confiance…
Évidemment, il vaut mieux éviter les excès, qui peuvent aboutir à un résultat négatif. ou simplement être complètement ridicules :
Bonjour
Je vous remercie de cet article, très intéressant.
L’étude est très riche d’enseignement, et notre travail de tous les jours montre que l’on peut facilement être influencé, et influençable.
A nous, les directeurs d’aider à un cadre où l’on peut éviter d’influencer les personnes avec qui l’on travaille.
Les rendant responsables de ce qu’elles pensent d’elles et de ce qu’elles font.
Au plaisir
Evan
@Evan : Hum, je dirais plutôt que notre rôle est de faire en sorte que nos équipes gagnent en confiance, tout en restant vigilant face aux excès de confiance. La différence est subtile, mais dire qu’on doit éviter toute forme d’influence serait une erreur ; il est possible d’influencer positivement, c’est justement ce que montrent ces expériences.