Il y a plusieurs manières de mener une équipe. Je vais m’intéresser ici à la manière dont on communique pour suivre l’avancement des projets. Cette question est assez intéressante et complexe, car elle a des impacts sur la méthode de gestion de projet.
En fait, les gens peuvent être placés dans 2 grandes catégories :
- Ceux qui veulent voir leurs projets de manière globale.
- Ceux qui privilégient les petites avancées.
Je ne parle pas de la manière dont on choisit d’aborder les projets, mais plutôt comment on a tendance à réagir naturellement, comment on se sent mieux de travailler. Il y a des avantages et des inconvénients aux deux. Il est bon de savoir dans quelle mouvance on se situe et comment sont nos collègues, pour améliorer le travail d’équipe.
L’approche globale
Certaines personnes éprouvent le besoin vital de comprendre les projets dans leur globalité pour pouvoir travailler dessus. Ils ont souvent une bonne vision de l’ensemble des forces et des faiblesses d’un programme en cours de conception. Pour eux, le seul moyen raisonnable d’exécuter une tâche est de le faire de la bonne façon (ce qui pour eux signifie souvent d’y réfléchir pendant des mois pour être certain de prendre en compte tous les cas imaginables et inimaginables).
Le problème avec ces personnes, c’est qu’elles peuvent tomber dans l’immobilisme. Elles considèrent souvent qu’une réalisation incomplète ou imparfaite est pire que de ne rien faire. Et les tergiversations peuvent durer longtemps avant de définir la manière dont une tâche peut être effectuée suffisamment bien pour les satisfaire.
Le pas-à-pas
D’autres personnes, au contraire, sont capables de démarrer un projet très rapidement et de le faire avancer par évolutions successives. Ils ont une bonne idée du travail qui peut être réalisé en fonction des ressources disponibles à un instant donné, et connaissent souvent tous les petits détails techniques de leurs projets.
Par contre, ces personnes ont besoin d’être encadrées de près, car elles peuvent faire prendre à leurs projets des directions non souhaitables. Le souci, c’est que chaque petite amélioration peut sembler à la fois sensée et peu coûteuse.
Faire travailler tout ça
Une fois que vous avez réussi à comprendre dans quelle catégorie se placent vos collègues, vous comprendrez pourquoi certains d’entre eux n’arrivent jamais à se comprendre quand il s’agit de faire des choix (ça peut vous concerner aussi). Quelle que soit votre place par rapport à eux, faites l’effort de les guider vers une meilleure compréhension de leurs forces et faiblesses.
Les partisans de l’approche globale ont besoin d’être poussés vers l’action. Il faut leur faire entrer dans la tête qu’il n’est pas possible de tout planifier sur plusieurs années, qu’un projet doit pouvoir être flexible au cours du temps. Incitez-les à découper le projet en plusieurs projets de durée plus courte, puis à définir la première action nécessaire à l’avancée de chacun de ces mini-projets.
Ceux qui avancent un pas à la fois semblent plus rapidement efficaces, mais ils manquent d’une vision plus large qui les aiderait à suivre une direction cohérente. Demandez-leur d’établir une liste des prochaines étapes de leurs projets, en quoi elles sont nécessaires au projet, et quelles ressources elles vont consommer (qui pendant combien de temps).
Mon avis
On a tous un peu des deux en nous. En fonction des projets, de nos goûts personnels, on a tendance par moment à agir trop rapidement ou au contraire à sombrer dans les affres de la cogitation longue durée. Essayez d’apercevoir cela en vous comme chez les autres. On ne change pas les gens ; comme je le disais, il s’agit d’inclinaisons personnelles et naturelles.
L’important est d’utiliser chaque personnalité au mieux de ses possibilités. Une personne qui possède une bonne vision générale pourra faire un bon architecte logiciel. Quelqu’un qui n’a pas peur de se lancer rapidement, quitte à devoir revenir sur le travail effectué, fera un bon chef de projet (surtout si vous utilisez une méthode itérative ou une méthode agile) ou un bon responsable d’exploitation.
Bon article.
Pour ma part, je suis partisan d’une variante de la méthode à petit pas, que j’appelerai l’approche modulaire. Rien de révolutionnaire là dedans, mais je travaille pour des grands comptes, et mes interlocuteurs ont tous déjà vu, à un moment ou l’autre de leur carrière, un grand projet pharaonique se casser la gueule. Moi j’en ai vu plusieurs.
Ma démarche est d’essayer de les amener à définir leur besoin sous forme d’un ensemble de briques semi-autonomes, dans un schéma global cohérent.
Le but étant que l’on puisse développer, livrer et tester une brique sans que les autres ne soient là.
Et également que la brique, en elle même, ait déjà un intérêt intrinsèque, une fonction , c.a.d. que même si le projet devait s’arrêter là (plus de budget, changement stratégique), ils aient quelque chose qui fonctionne et produise un résultat utile. Je parle là de modules à 100 j/h maxi, voire même beaucoup moins.
Dans la construction immobilière, cela reviendrait à terminer complètement le premier immeuble et commencer à le louer avant d’attaquer les autres, plutôt que de terrasser tout le quartier, puis poser toutes les fondations, tous les murs .. etc … au risque de se rendre compte trop tard que les locataires potentiels n’aiment décidément pas quand le salon est systématiquement orienté au nord, et qu’il vaudrait mieux revoir les plans.
Tout à fait d’accord. Lotir les projets est une science assez compliquée.
Pour reprendre ton exemple immobilier, il ne faudrait pas se retrouver avec un immeuble sans toit ni fenêtre. Donc définir correctement les « modules » est effectivement très important, pour qu’ils remplissent chacun un ensemble de fonctionnalités, en étant autonome, nécessaire et suffisant.